mardi 16 décembre 2008

Les poissons (début d'un truc)

Voici pour moi une première incursion dans le monde de l'enfance. C'est un type de littérature que j'abhorre en général et que je trouve globalement mauvais (n'est pas Réjean Ducharme qui veut!) Mais bon. C'est quand même écrit à la 3e personne, ce qui permet de ne pas avoir à "écrire comme si c'était l'enfant qui parlait". Je suis assez enthousiaste. Je me demande si ça va déboucher sur quelque chose d'un peu plus consistant éventuellement. C'est à suivre.

---- Mon chum dit que le décor de mes deux derniers textes "change des apparts moisis". Je vais le prendre comme un compliment!



Ce matin, Samuel a trouvé un banc complet de poissons ventre à l’air, agglutinés tout autour du quai. Quelqu’un les a ouverts de bord en bord, comme des fruits. Ils flottent à un rythme lent, qui donne à Margot une étonnante envie de vomir. Elle refrène tout de même sa nausée, trop fascinée pour ne pas rester.

On dirait presque qu’ils nagent, indolents. Leurs viscères se mêlent aux algues dont les plus fines font penser, si on regarde vite, à des cheveux.

Elle touche aux têtards et aux brochets retournés avec la canne de fortune qu’elle trimballe depuis le début des vacances. Voilà vraiment le bâton idéal : pas trop court ni trop long, de la bonne grosseur, sans aspérités. Elle a arrêté son choix après avoir magasiné pendant des heures, fouillant chaque recoin de la forêt à la recherche de la branche parfaite. Samuel la voulait lui aussi mais elle lui a bien fait comprendre qu’il avait intérêt à s’en trouver une autre. Il a fini avec un bout de bois plutôt moche, plein de nœuds, prêt à fendre.

Il lui dit d’arrêter avec sa branche, que ses parents vont le priver de dessert s'ils les voient faire; il lui dit qu’il faut laisser les morts reposer en paix. Margot est contente qu’il soit venu la chercher pour lui montrer les poissons; en même temps elle aurait voulu les observer seule, sans lui à sa décharge.

Elle regarde l’épaisse croûte de lait sécher autour de sa bouche tandis qu’il lui demande encore une fois d’arrêter, de venir plutôt nager avec lui.

Elle dit que son maillot est sale, que sa mère n’a pas encore eu le temps de le laver. Elle croit qu’il n’est pas assez intelligent pour voir qu’elle ment.

vendredi 5 décembre 2008

L'hiver

Nous parlons du pourcentage de luminosité qui diminue à cette période de l'année et du phénomène que l'on appelle dépression saisonnière mais la noirceur continue à s’étendre comme une nappe de sang malgré le langage.