vendredi 5 septembre 2008

Iris (1)

Mes textes se ressemblent tous, et traitent toujours des mêmes choses. Je suis obsédée par ce truc sans nom qu'on retrouve dans Lost in translation, et dans ma propre vie - au moins Scarlett Johannson peut se consoler en se disant qu'elle est sexy. Des fois j'ai l'impression d'écrire juste parce que je suis incapable de supporter ce truc, cette solitude. Je sais que j'écris toujours la même chose, incapable de lâcher le personnage de la fille toute seule qui s'assoit à la fenêtre et pleure, mais je pense que tant que je ne serais pas satisfaite, tant que je n'aurai pas réussi à nommer adéquatement cette chose, mes textes vont continuer à se ressembler. PS: Pas capable d'enlever le blanc. fuck off.

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1. Avec le temps, l'esprit d'Iris a fini par former une pellicule entre elle et le monde extérieur. Ainsi filtrés, les couleurs lui semblent moins vives, les bruits plus feutrés. Il lui arrive d’avoir une discussion et de se demander quelques heures plus tard si cet échange a bien eu lieu, s’il n’est pas plutôt le fruit de son imagination.

Elle oublie souvent de nourrir les chats.

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Il paraît qu’avant l’accident c’était la plus belle fille en ville. Pareille comme sa mère à son âge, qui, à l’époque, gagnait tous les concours régionaux – Miss Repentigny, Miss Lanaudière catégorie teinture blonde, Miss Maillot de bain Rive-Nord. À cinquante ans, un cancer de la peau, une opération chirurgicale qui a mal tourné, et les lèvres cernées par des sillons verticaux – la ride du fumeur.

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Les voisins se plaignent parfois des odeurs.

Elle regarde les minuscules champignons pousser dans les coins, entre les dalles recouvrant le plancher des toilettes. Les objets disparaissent sous les couches de poussière accumulées; les mouches viennent mourir dans l’eau des chats qui, rebutés, préfèrent boire à même la cuvette de la salle de bain. Elle a peur du voyant rouge qui clignote parfois lorsqu'elle rentre chez elle. Efface les messages sans les avoir écoutés. Ses pensées se mêlent aux voix issues de la cour qui parlent d'elle en riant.

3 commentaires:

Courrier Noir .... a dit…

Elle a crée un mur de solitude et un rejet du monde également... folie, dépression ? Que cherche t-elle en fait ?

Valérie a dit…

Je commence à peine à le découvrir moi-même... Je me suis rendue compte après avoir posté mon texte que je ne l'avais pas fini... Je vais poster la suite au fur et à mesure...

Anonyme a dit…

C'est ce style que j'aime chez toi: comme dans un roman envoûtant qui nous empêche de dormir. Vivement la suite...