-----
1. Avec le temps, l'esprit d'Iris a fini par former une pellicule entre elle et le monde extérieur. Ainsi filtrés, les couleurs lui semblent moins vives, les bruits plus feutrés. Il lui arrive d’avoir une discussion et de se demander quelques heures plus tard si cet échange a bien eu lieu, s’il n’est pas plutôt le fruit de son imagination.
Elle oublie souvent de nourrir les chats.
*
Il paraît qu’avant l’accident c’était la plus belle fille en ville. Pareille comme sa mère à son âge, qui, à l’époque, gagnait tous les concours régionaux – Miss Repentigny, Miss Lanaudière catégorie teinture blonde, Miss Maillot de bain Rive-Nord. À cinquante ans, un cancer de la peau, une opération chirurgicale qui a mal tourné, et les lèvres cernées par des sillons verticaux – la ride du fumeur.
*
Les voisins se plaignent parfois des odeurs.
Elle regarde les minuscules champignons pousser dans les coins, entre les dalles recouvrant le plancher des toilettes. Les objets disparaissent sous les couches de poussière accumulées; les mouches viennent mourir dans l’eau des chats qui, rebutés, préfèrent boire à même la cuvette de la salle de bain. Elle a peur du voyant rouge qui clignote parfois lorsqu'elle rentre chez elle. Efface les messages sans les avoir écoutés. Ses pensées se mêlent aux voix issues de la cour qui parlent d'elle en riant.
3 commentaires:
Elle a crée un mur de solitude et un rejet du monde également... folie, dépression ? Que cherche t-elle en fait ?
Je commence à peine à le découvrir moi-même... Je me suis rendue compte après avoir posté mon texte que je ne l'avais pas fini... Je vais poster la suite au fur et à mesure...
C'est ce style que j'aime chez toi: comme dans un roman envoûtant qui nous empêche de dormir. Vivement la suite...
Enregistrer un commentaire