mardi 23 septembre 2008

Iris (3)

Des gens entrent chez elle pendant qu’elle dort. Ils s’assoient à table et mangent de la viande hachée crue dans l’argenterie léguée par sa grand-mère. Ils ont toujours le temps de partir avant qu’elle ne se réveille. Elle voudrait qu’on change la serrure de sa porte, mais le propriétaire dit que c’est jeter de l’argent par les fenêtres.

Les parents d’Iris pensent que c’est un crosseur. Ils n’aiment pas l’appartement, le trouvent trop cher.

A chaque visite qu’elle lui rend, la mère d’Iris fait un commentaire sur la vigne qui grimpe jusqu’aux fenêtres (Ç’a pas de bon sens, cette maudit plante-là te bouffe toute la lumière) ; fume beaucoup, sans demander à sa fille si cela la dérange ; échappe de la cendre entre les fibres grasses du tapis ; laisse des traces de rouge à lèvres sur les verres. Elle s’efforce de ne pas repousser les chats qui viennent frotter leur tête sur son mollet bronzé, mais Iris sait qu’elle les trouve laids.

La dernière fois qu’elles se sont vues, sa mère lui a dit, d’un air satisfait, qu’elle semblait avoir maigri.

Iris se souvient des séances de magasinages dans lesquelles sa mère l’entraînait lorsqu’elle était enfant. Elle se souvient des vendeuses, maquillées, obséquieuses. Elle admirait l’assurance de sa mère, cette façon qu’elle avait d’imposer son autorité auprès d’elles.

C’est plus tard qu’Iris a commencé à avoir honte de ses manteaux de fourrure, de son manque d’éducation.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je termine la lecture de "septembre 2008" avec l'espoir de poursuivre mes découvertes sur Iris et son univers particulier.

Bravo, en quelques phrases tu suscites la curiosité et le goût pour la lecture. Très fluide et sans longueur.

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