lundi 24 novembre 2008

La ville que je connais par coeur

En une heure, la neige a déjà tout gommé : les maisons, les voitures, les arbres. La ville, défigurée, fait maintenant penser à un aquarium, à une cage. Il faudrait en sortir mais la peur annule tout le reste, elle paralyse. Jeanne fait trois tours du quartier : les maisons se ressemblent toutes et une fois sur deux il y a un chat à la fenêtre.

Plutôt que de la conforter, cette connaissance parfaite qu’elle a de chaque artère, de chaque trottoir la rend anxieuse, vulnérable – transparente comme une plaque de glace si mince qu’un rien la fera craquer.

En traversant la rue Jeanne assiste, interdite, à la montée des larmes. Elle essaye de respirer mais sent sur ses poumons une étonnante pression.

Elle s’arrête un instant malgré le froid qui monte jusqu’à la tête.

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