En faisant le ménage je tombe sur de vieux poèmes étonnants, traversés par une hargne qui maintenant me semble inadéquate.
Colère, revendications, obsession du corps. Style maladroit. La lecture de ces bouts de papier me fait l'effet d'une plongée brève mais exigeante dans des eaux sombres - pas le temps d'y recueillir quoi que ce soit, seulement d'apercevoir quelque chose qui brille d'un drôle d'éclat - sûrement juste un caillou.
Et pourtant une vraie drôlerie sous les mots, cachée derrière le désespoir de cette fille qui fume pour ressembler aux adolescentes laconiques poignets bandés qu'elle voit dans les films. Pour sa part elle est si volubile, d'une transparence qui frise l'indécence; son chagrin est informe et diffus et pour lui donner un cadre elle utilise des mots qu'elle a déjà entendus quelque part: trou noir, bouteille à la mer, naufrage. Elle croit que la mort la sauvera. Et finalement pas de bain de sang mais beaucoup de littérature, passage du temps, appropriation de certains gestes d'adulte - faire l'épicerie boire du vin rouge dire Mon chéri.
J'ai jeté les pires poèmes, ai laissé les autres dans leur boîte. Chaque papier, chaque objet à sa place - et moi. Mes cheveux fraîchement coupés me donnent l'envie de me regarder: ma nouvelle tête me sourit, vieillie mais droite.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
1 commentaire:
Wow! Quel beau regard porté sur toi, une toi d'avant avec des mots d'aujourd'hui, une toi actuelle qui te regarde avec humour et affection.
C'est beau. J'aime.
Bisous
Enregistrer un commentaire